Monsieur ( Sir) un film de Rohena Gera à l'affiche

Monsieur  Un film   franco- indien  à l'affiche en France

voir le trailer lien ci dessous
un premier film  attachant qui montre la réalité sociale en Inde


Télérama      La critique par Guillemette Odicino
L’amour impossible entre un jeune maître indien et sa domestique, servi par une mise en scène soignée, qui n’élude rien de la dure réalité des castes.
Ratna, très jeune veuve originaire de la campagne, est domestique chez Ashwin, le fils d’une famille riche de Mumbai . Elle porte un sari comme les femmes de sa condition et remplit consciencieusement sa tâche de servante ; elle ne lâche pas pour autant son rêve de trouver un emploi dans la couture et la mode, tout en payant les études de sa jeune sœur, pour lui éviter un mariage forcé. Le jeune maître, lui, est ­revenu au pays à la demande de son père, après avoir vécu à New York, et il se sent dorénavant en porte-à-faux, entre tradition et modernité, traînant une douce déprime. Ces deux êtres qui vivent ensemble mais séparés par un infranchissable fossé social apprennent à se regarder, à se considérer, à se soutenir. Entre eux, le trouble naît. Mais chez ces gens-là, monsieur, on ne tombe pas amoureux de la bonne.

Porté par l’intensité tendre de son interprète principale, Tillotama Shome, ce premier long métrage franco-indien recèle une remarquable construction dramatique, loin de Bollywood et proche des drames sentimentaux de l’âge d’or de Hollywood. De petites humiliations ancillaires en frémissements d’émancipation, la cinéaste restitue avec une cruelle précision les carcans sociaux toujours actuels en Inde, où la condition féminine est l’une des pires au monde, et où certains hommes aussi se sentent corsetés. La mise en scène, d’un classicisme gracieux, exploite à merveille le huis clos de l’appartement commun : les portes et les vitres cadrent les corps et les séparent, mais les couloirs sont propices aux frôlements de plus en plus sensuels et aux regards solidaires. Une simple danse, en bas de l’immeuble, suggère un embrasement. Jusqu’à un dénouement à la fois heureux et mélancolique, où de l’empêchement amoureux naît une double ­libération. Et c’est à l’héroïne de ce Elle et Lui indien que la cinéaste donnera le dernier mot. Celui du courage.


et tous nos voeux pour 2019